Suicides à l'hopital de Lille
Nord Eclair le 20 janvier
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LILLE
Trois suicides en quinze jours à l'hôpital Salengro
Publié le vendredi 20 janvier 2012 à 06h00 - MORAD BLEKADI
Trois agents de l'hôpital Roger-Salengro se sont donné la mort sur une période de quinze jours. Pour les syndicats, les conditions de travail n'y sont pas étrangères. La direction enquête et convoque une réunion extraordinaire ce matin.
C'est une tragique série noire qui provoque l'émoi, mais aussi la colère des agents hospitaliers du CHR de Lille. En seulement quinze jours, trois aides-soignants du service de neurochirurgie de l'hôpital Roger-Salengro se sont donné la mort.
Le dernier suicide en date remonte au début de cette semaine : il s'agirait d'une femme d'une vingtaine d'années. Les deux autres concernaient des hommes qui, apparemment, traversaient d'importants soucis dans leur vie privée. Aucun suicide n'a eu lieu dans l'enceinte du CHR et il est difficile de savoir si ces morts ont un lien avec l'environnement professionnel. Apparemment, la jeune aide-soignante avait des relations difficiles avec sa hiérarchie. Les syndicats n'hésitent donc pas à parler de conditions délétères au sein des services.
« Avec la peur au ventre »
« Les soignants sont confrontés tous les jours à la souffrance, à la mort des patients, explique Jamila Meftaoui, secrétaire FO au CHR. En plus de cela, il faut maintenant travailler avec des effectifs réduits, de jour comme de nuit. En déficit, les hôpitaux doivent faire des économies. On est souvent en dessous du seuil minimum d'effectif exigé. » Et la syndicaliste d'assurer que beaucoup d'agents sont aujourd'hui sous tranquillisants ou même sous anxiolytiques. « Ils viennent au travail avec la peur au ventre. Si on remonte sur une période de trois ans, le nombre de suicide est de douze », ajoute la secrétaire FO.
Suite à ces drames, la direction du CHR a décidé de déployer une cellule de crise. Elle a été refusée par les agents qui l'ont jugée inefficace. « Ils ne remontent jamais les vrais problèmes », fulmine Jamila Meftaoui.
Face à cette situation, la direction du centre hospitalier prend de la distance. « Nous avons la certitude que pour les deux premiers suicides, il s'agit de motifs extérieurs au travail, indique Stéphane Jacob, le responsable des ressources humaines. Pour le troisième cas, nous sommes actuellement en train de rassembler les informations. Nous essayons de comprendre ce qui a bien pu se passer. » La direction a convoqué une réunion extraordinaire du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail pour ce matin. Les participants vont évoquer longuement ce sujet.